Parce qu’en français, cela signifie « raconter son histoire » et qu’un entrepreneur gagne à raconter son Business Model, lequel peut tout à fait être assimilé à une histoire (Magretta, 2002).
A l’oral ou à l’écrit, le récit crée du sens et permet la transmission à autrui. Or la vocation première d’un Business Model est de rendre intelligible un projet à d’autres, en particulier aux acteurs possédant les ressources nécessaires au projet, en espérant les enrôler dans l’histoire pour qu’ils deviennent ce qu’on appelle des parties prenantes.
Nous avons préféré storyteller à sa traduction française sous la forme du jeu de mots « conte de faits » car ce choix traduit notre parenté avec le courant du storytelling (et sans doute aussi parce que notre application très prochainement disponible en langue anglaise). Le storytelling est une méthode utilisée en communication. Il s’inspire des schémas narratifs des contes et légendes pour structurer un récit et le partager plus efficacement (Gabison, 2013). Bien que l’on puisse aisément dresser un parallèle entre la quête propre aux mythes et l’entrepreneuriat (le créateur ou son produit en seraient par exemple les héros, les concurrents des opposants et les business angels des aides), nous proposons dans l’application une construction de récit sensiblement différente. La structure en trois temps (Génération, Rémunération, Partage) de l’application GRP Storyteller devient la trame du support que chaque créateur complétera pour construire son projet et le communiquer, de manière à la fois universelle et unique.
Raconter son histoire, pas des histoires
Utilisé en communication politique ou en marketing, le storytelling a pu parfois être détourné de son ambition première, c’est-à-dire celle d’avoir un récit performant à même de marquer l’auditoire et convaincre. Tout comme un récit peut s’éloigner de la réalité, le storytelling peut être tenté par la mystification, en laissant paraître des choses pour ce qu’elles ne sont pas. A titre d’exemple, la publicité pour la marque La Laitière de Nestlé joue de cette limite entre fiction et réalité en associant à la fabrication de ses produits industriels l’icône d’un tableau de Vermeer.
Ici, nous n’incitons en aucun cas le porteur de projet à enjoliver son histoire. L’éthique est fondamentale pour créer son entreprise, du moins si l’on souhaite que cette dernière perdure. La dimension P du modèle GRP porte en elle cette valeur en insistant sur l’équilibre des relations avec les parties prenantes. Le GRP Storyteller invite donc à écrire son histoire le plus sincèrement possible, à son rythme, selon son inspiration et ses aspirations, l’assistant aidant le porteur de projet-narrateur à lutter contre l’angoisse de la page blanche et à rédiger un Business Model de manière efficace.
Pour aller plus loin sur le storytelling :
Gerber, W., Pic, J-C. et Voicu, A (2013), « Le storytelling pas à pas », Vuibert, 175 p.
Gabison, Y. (2013), « Boostez vos présentations avec le storytelling », Eyrolles, 155 p.
Auteur : Florence Krémer